3 Août 2017
Pradel HENRIQUEZ - J'écris pour exister. L'écriture me sauve de la mort et de l'oubli. Je pense qu'en écrivant, je serai immortel. Or tout être humain aspire à l'éternité et à l'immortalité. J'écris aussi pour arrêter le temps, pour exprimer ma foi en l'inconnu, en terme de forme ou de style. Car mon écriture me conduit n'importe où. J'adore cette aventure qui m'ouvre au monde et à la découverte.
L'autre est mon bien, en écrivant, je vais à sa rencontre. Il y en a qui écrivent pour dire ce qu'ils aiment.
Moi, j'écris pour dire ce que je n'aime pas. Je me défoule en exprimant mes maux et j'en guéris…
Pour moi, entre révolte et loisir, l'objet de l'écriture ne nous laisse pas le choix, que d'aimer l'aventure des mots. Au delà de ces mots/maux, il y a le rêve absolu sans lequel je n'existe point.
Mon enfance n'a pas toujours été heureuse. A 7 ans, mon père meurt et laisse un foyer presque sans repère économique. Toutefois, il nous a laissé le goût de lire, l'amour du livre comme un 6e sens qui s'est transmis à moi surtout. J'ai grandi dans cet amour du livre qui m'a donné tous les bonheurs du monde. Celui des loisirs. Celui de la culture et de la connaissance universelle. Celui de la connaissance de l'autre. Puisque l'auteur qui écrit, partage du coup, ses angoisses ou ses rêves. Autant d'auteurs, autant de lectures, entre Homère, Virgile, et Albert Camus, m'ont procuré autant de connaissances du monde et des autres. Ce qui se traduit en fait par une véritable sagesse face à la vie.
Ainsi, de mon père à ma vie au quotidien, avec ses hauts et ses bas, j'ai pu grandir et réussir ma vie tant pour moi même qu'au service des autres. J'ai beaucoup voyagé. J'ai beaucoup rencontré de gens qui m'ont aidé à vivre. Or c'est la lecture qui domine mes choix. Montaigne, Platon, la Renaissance, les classiques, les lumières et surtout, Voltaire, Rousseau et Diderot, sans oublier, les romantiques, avec Victor Hugo et les grands maîtres de cette époque, entre Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, qui ont formé mon tempérament. Enfin, ma lecture des auteurs du 20e siècle, au cœur, il y a Césaire et tous les autres. Ma vie intellectuelle, ma vie d'homme, de citoyen, ne serait rien sans ces lectures des grands auteurs de notre temps.
Aussi j'ai travaillé toute ma vie pour un salaire. A 12 ans, très jeune, déjà, j'étais autorisé par ma mère à donner des cours particuliers. Je recevais un petit salaire. De là, je n'ai fait que cela, enseigner, transmettre, former, communiquer, il m'arrivait souvent de faire du bénévolat aussi. Entre les deux, le bénévolat et les salaires, faibles ou intéressants, j'avoue à postériori que je ne possède rien tout à fait comme richesses matérielles sur cette terre où tout le monde ne rêve que de biens matériels immédiats. Par contre, s'il y a une richesse qui m'est familière et attachante, c'est celle du beau, celle du livre, celle des auteurs. J'ai compris dans ma passion effrénée pour la lecture que je dépassais les 5000 ouvrages dans ma bibliothèque de livres généraux. Histoire générale, encyclopédie, santé, économie, sciences naturelles, fiction, technologies, etc. Tous les sujets m'ouvrent les portes du monde, sont dans ma bibliothèque qui demeure mon bien, mon héritage, ma richesse. Ce que la lecture m'apporte donc, c'est plus qu'un confort, un bien être, c'est le sentiment d'avoir travaillé dur, d'avoir économisé, aussi heureusement, parce que j'ai fait un choix dans la vie, la lecture me renvoie sans cesse à ce choix et mes réussites au cœur de celui-ci.
Pradel Henriquez
@Moijelis