22 Juin 2017
Poulard CHARLES – Qui se rappelle du premier jour où la maîtresse de la section maternelle nous apprenait à
faire connaissance avec nos premiers mots? Toutes sortes de techniques sont utilisées, les
images, les objets, les crayons de couleurs, l’ardoise, les petits animaux pour n’en citer que
cela, et ceux dans la seule optique de nous souhaiter la bienvenue dans le monde
extraordinaire de la lecture, plus souvent cursive en primaire, et avec l'âge finit par se corser
par les lectures sélectives ou de repérage, en diagonale et active. Et pourtant, d’une manière
générale n’ayant pas plus de 5 ans, tous ses souvenirs sont enfouis dans notre petite tête
comme si cela n’avait aucune importance, et pourtant de là peut provenir notre amour
inconditionnel pour les livres de la bibliothèque de l’école.
Sans vouloir être paradoxale, lire ne m’a jamais été une partie de plaisir. Et loin de vouloir
choquer avec l’objet (le titre) du texte, tenir un ouvrage me paraissait toujours
depuis mon plus jeune âge une manière intelligente d'appréhender le monde qui nous
entoure et toutes les richesses qui lui sont connexes.
Mais pourquoi « oublier » alors que je lis?
Peut-être me faudrait-il un cours de biologie et/ou de psychologie analytique pour enfin
comprendre en toute logique d’où me vient cette extrême sensibilité que je ressens à l’égard
de tous les objets même inanimés de mon environnement proche ou éloigné. N’est-ce pas la
seule voie pour mon inestimable vie, d’atteindre le but ultime de son existence? Laissons à
l’avenir le soin si possible d’apporter la réponse.
L’intrigue vient toujours du fait, pour moi le lecteur, de ne pas pouvoir me souvenir ni des
expressions, ni des mots de l’écrivain, car mon émotion démesurée m’emmène toujours
ailleurs; pour ne pas ajouter le fait de toujours jouer un rôle même abstrait dans le courant
littéral du document. L’auteur Dany Laferrière disait dans son recueil « L'art presque perdu
de ne rien faire » que « Lire n'est pas nécessaire pour le corps (cela peut même se révéler
nocif), seul l'oxygène l'est. Mais un bon livre oxygène l'esprit ». La seconde partie de sa citation
me force à croire que, lors de la lecture d’un volume, je suis de ceux dont la nature a fait le
don de voyager à travers le temps, tout en faisant abstraction du verbe prêté pour planifier et
organiser ce grand saut conjoncturel. Mon amour propre me pousse très souvent au-delà
des sentiers battus, à même vouloir entrer dans la tête de l’écrivain, et juger son art loin des
critiques qui souvent ne font qu’écorcher l’âme de ses idées.
Dès l’enfance, on m’a toujours appris à lire dans l’objectif de comprendre le bien fondé du
texte en question, et cela m’a toujours donné la mauvaise habitude de faire fi du style du
rédacteur, comme si je devenais tout à coup superficiel et immatériel. En effet, durant toute
la durée de la lecture, seul le confort hypnotique importe au-delà tout ce qu’un bon bouquin
bien écrit pourrait apporter à mon acuité intellectuel, par contre j’oublie vite le confort
littéraire que seule une lecture correcte et soutenue connaît le secret.
L’amour que je porte à la lecture est semblable à celle partagée avec mon âme sœur.
Une fois plongé dans ces deux mondes je ne reviens qu’au gré des brises du vent
Tout mon corps se transforme en une enveloppe charnelle chantant en chœur
Le refrain de ma joie de vivre, loin des adversités réelles du soleil levant.
Et pourquoi ne pas finir par ces mots de Antoine de Rivarol :
« La lecture, charmant oubli de vous-mêmes et de la vie »
Poulard Charles
@moijelis