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L’écriture inclusive

Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer. Michel Foucault, L’ordre du discours.

Aucune parole n’est innocente et la façon de parler révèle les intériorisations d’une société. Le discours ne se contente pas de refléter la société mais il la configure également. De nos jours, on parle d’écriture inclusive et dans certains secteurs on commence à la mettre en pratique.

Le débat sur la féminisation des termes date déjà de plusieurs années. Mais il a été polarisé lorsqu’à l’automne 2016 deux pierres ont été lancées dans la mare du conformisme : d’abord une pétition lancée par 314 professeurs en France qui ont décidé de ne plus enseigner la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin, pétition signée par des dizaines de milliers de personnes. Ensuite, la même année, la parution d’un manuel scolaire, aux éditions Hatier, destiné aux élèves de l’élémentaire. La maison d’édition, spécialisée en matériel scolaire, décida d’opter pour l’écriture inclusive et de mettre sur un pied d’égalité les genres féminin et masculin.

Ces deux événements mettaient le feu aux poudres et lançaient un débat passionné, dans les différents médias, concernant l’écriture inclusive. Sur internet on assista dans les médias sociaux à une guerre de mots entre d’une part celles et ceux qui sont contre, qui y voient une attaque contre la langue, un délire féministe ou, pire, un « péril mortel » comme la qualifie l’Académie française; en contrepartie, l’idée d’appliquer à la langue les principes égalitaires qui sont de plus en prônés par la société semble une évidence pour laquelle le jeu en vaut la chandelle. Mais qu’est-ce que l’écriture inclusive, au juste ?

Selon le Manuel d’écriture inclusive, édité par l'agence de communication Mots-Clés : « l’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes ». En d’autres termes, il s’agit de faire apparaître le féminin dans un texte et d’oublier la règle « Le masculin l’emporte sur le féminin ». Par exemple, on ne dira plus « Les étudiants sont à la bibliothèque mais les étudiant·e·s sont à la bibliothèque ». Aux vues des récentes luttes et réformes pour les droits des femmes, nous nous garderons d’exposer la nécessité d’une écriture inclusive. Cette écriture s’applique aux noms, verbes, pronoms et adjectifs, aux mots fléchis de manière générale, Ex : Les enfants sont venu·e·s.

Ce que nous pouvons faire :

Accorder en genre les noms de fonctions, de grades, de métiers et de titres. Il existe plusieurs tendances. Ainsi au lieu de dire « des acteurs » on dira « des acteurs et actrices » à cause de la non-simplicité de ce mot en coda, ainsi ce sera trop lourd mais d’autres tolèrent la forme : « des acteur·rice·s ».

Utiliser le féminin et le masculin, que ce soit par l’énumération en ordre alphabétique, l’usage d’un point milieu également appelé point médian, ou le recours aux termes épicènes.

Nommer par ordre alphabétique, afin d’éviter toutes formes de domination : Elle et il, Tous les Haïtiens, toutes les Haïtiennes, celles et ceux, etc.

L’usage du point milieu se fera comme suit : racine du mot + suffixe masculin + point milieu + suffixe féminin. On ajoutera un point milieu supplémentaire suivi d’un « s », si l’on veut indiquer le pluriel. « senior·e·s ».  On le préfèrera aux parenthèses (qui, dans l’usage, indiquent un propos secondaire); à la barre oblique (qui connote une division); à l’E majuscule (qui peut être interprété comme une considération différente entre féminin et masculin); au point final, qui constitue un signe de ponctuation dont l’usage est déjà connu et codifié; et enfin aux tirets – quelles que soient leurs formes et leurs tailles –, qui font parfois office de quasi-parenthèses ou servent à introduire des répliques de dialogue ou attirer l’attention sur un terme, une idée, etc.

Le mot épicène désigne indifféremment l’un ou l’autre sexe ou genre et, par extension, il désigne un mot qui ne varie pas selon le genre. Ex : Enfant, astronome, artiste, cadre, etc. On préfèrera donc, par exemple « le corps professoral » à « les professeurs ». Ne plus employer les antonomases des noms communs « Femme » et « Homme »

L'antonomase est une figure de style qui consiste à remplacer un nom commun par un nom propre ou, à l'inverse, à remplacer un nom propre par un nom commun ou par une périphrase. Parmi les plus courantes, on retrouve « État » et « Homme ». Lorsque caractérisées par une majuscule, ces antonomases servent à doter ces termes du prestige de l’institutionnalisation. Mais on préfère à « droits de l’Homme » l’expression épicène « Droits humains ».

Aristote disait que le langage tire sa raison de la société et qu’il en est lui-même l'effet. Il est donc important et a un impact sur la représentation mentale et la construction sociale. Reflet de la société et de son évolution, il vit et bouge, il est alors normal qu’il intègre la féminisation et que les femmes y retrouvent sa place car, après tout, ne représentent-t-elles pas plus de 50% de la population humaine ?

 

Saonha Lyrvole Jean Baptiste

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