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N° 014 - Je lis pour voyager

Anyès Noël

Voyager. Quitter mon corps et ses histoires. Et m’en créer d’autres. Plus aventureuses. Plus confortables… au bas de ma porte ou de l’autre coté. Là où je n’aurais pas du mal à aimer. Là où je pourrais vomir ma honte d’être née humaine. Là où l’illusion est annoncée d’avance. Là où l’ignorance est fantastique, là où le doute n’est pas sclérosant, là où la peur n’existe pas.

C’est surement un lieu où je ne mettrai jamais les pieds. Dans le temps ou dans les failles. Là où je me perds pour mieux me retrouver. C’est parfois un lieu qui me ressemble. Quoiqu’il en soit c’est un pays que j’ignore et, où les mots comme les maux me broient. C’est là, que se trouve la lumière.

Dans ces voyages en moi-même et hors de moi-même, j’aime me sentir comme sur un fil, au bord du vide, qui met le souffle en suspens, qui donne à l’adrénaline quartier libre dans mon corps.

C’est un voyage aux milles visages, celui de l’auteur mais aussi celui de ses personnages. C’est d’ailleurs pour cela que je n’attends pas d’en finir un pour en commencer un autre. Ainsi, je m’amuse à voguer au gré des œuvres, selon mes attentes, mes humeurs.

Petite, mes voyages ne devaient se faire que dans les romans, les nouvelles ou le théâtre un peu plus tard. Je refusais catégoriquement comme aimait me suggérer mon père, grand mangeur de livres devant l’éternel, les essais politique, sociologique, psychologique ou même philosophique. Aujourd’hui pour le bien de mon évolution professionnelle je suis ouverte à tous genres sauf peut-être ce qui se détache du réel. C’est étrange pour quelqu’un qui veut voyager me direz vous. Mais tout ce qui est de la science fiction me laisse froide. Pour comprendre, je vous dirais que les articles parodiques comme le propose Le Gorafi tire de moi au mieux un désintérêt, au pire un sourire accompagné d’un « bande de cons ! ». De la même manière un « histoire vraie » attise tout de suite ma curiosité et ma sensibilité.

Lire c’est aussi pratiquer mon métier, celui qui m’a choisi, ma passion ; le théâtre.

Sans pour autant lire des œuvres dramaturgiques, je m’amuse à lire à voix haute pour mieux entendre, comprendre et garder ma concentration intacte. Car oui il m’arrive souvent de penser aux restes tout en lisant. Comme quoi il n’est pas évident de se sauver de soi-même. Mais aussi pour avoir le sentiment de pratiquer. En effet, il n’est pas facile pour le comédien de jouir de son métier là où le musicien dans ces moments de vide prend simplement son instrument et s’entraine, s’amuse, vit sa passion indépendamment des programmations, des subventions, des projets ; des autres. Ce sont d’ailleurs les mots qui m’ont amené au théâtre. La force des mots et sa dimension poétique… aaaah la Poésie, cette musique des mots ; la quintessence du réel. Si une œuvre mêle poésie et condition humaine j’en fais un livre peau. Ce que j’aime à appeler ainsi, ce sont ces mots qui font parler la peau, de frissons, de papillons, de larmes.

Mon métier étant un acteur envahissant dans ma vie vous trouverez sur le bidule qui me sert de table de chevet, car il n’y a pas meilleur endroit pour lire et écrire que son lit : Entre théâtre et performance la question du texte de Joseph Danan, Powèm Entedi de Guy Régis junior, L’esclavage raconté à ma fille de Christiane Taubira, Une pièce de Pascal Rambert Toute la vie suivi de l’Art du théâtre, L’art de Jouir de Michel Onfray, Vodou et théâtre pour un théâtre populaire de Franck Foucher, un roman de Fabienne Kanor, Faire L’aventure.

Et puisque l’écriture a été un exutoire dans mon éducation je finirais en disant : si tu n’écris pas : lis !

Anyès Noël

@moijelis

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