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N° 020 - Je lis pour résister

Martine Désamour

Lire est une activité instructive à laquelle je me consacre depuis ma plus tendre enfance. D'ailleurs, c'était l'une des exigences de mon père puisque, selon lui, c'est en lisant qu'on découvre les secrets de la vie et des connaissances. Fille unique d'une famille de quatre enfants, j'avais toujours préféré un livre à la place d'une poupée. Je n'avais pas la patience de jouer à la mère. Mais pour lire, j'étais toujours disposée et prête à relire si possible. Donc, de très tôt, lire pour moi, était un réconfort, une forteresse, un moyen d'évacuation lorsque le climat de mon entourage m'était inconfortable.

En plein milieu scolaire, les échanges de livres avec les amis se faisaient presque chaque jour. Je pouvais même aborder les inconnus quand il s'agit de livre pour au moins avoir droit de lire le résumé ou voir de quel auteur il s'agit. Je lis les lettres que mes courtisans m'envoient, des romans, des textes poétiques, des articles, des livres à caractère scientifiques... je lis tout ce qui me passe sous les yeux. Pour éviter que le temps me tue, je lis pour tuer le temps. Mes mauvaises intentions, la négativité, la peur n'ont plus leur place dans mon espace quand je suis plongée dans la lecture. Quand le pain quotidien ne me suffit pas, je lis pour me nourrir.

Je lis pour vivre, pour être libre. Cette activité me calme quand je suis anxieuse. Elle me permet aussi d'apaiser mes peines et d'anesthésier mes douleurs. Je lis également pour étouffer mes cris et c'est pour moi l'une des meilleures façons de vivre sans gêne, sans crainte dans ma solitude.

Je lis parce que la routine m'ennuie à mourir. La routine est mortelle et elle ne me convient pas. En lisant je peux voyager sans me déplacer physiquement. J'explore, je m'aventure dans le monde imaginaire et ça me permet de vivre, d'entrer en jeu, me dépouiller et vivre la réalité des personnages. Ce qui joue en ma faveur puisque mes actes manqués sont comblés à moitié. Moi je lis pour satisfaire ma curiosité surtout sur les sujets dits interdits ou tabous. Je lis donc pour fantasmer.

Je lis pour comprendre, avoir, recevoir, apprendre ; je lis pour pouvoir, pour prévoir, pour renaître, grandir, résoudre, et évacuer. Je lis aussi pour survivre parce que ma vie est comme une variable dépendante de cette pratique. Je lis pour chercher, pour équilibrer au lieu de pleurer. Je lis pour m'échapper, pour m'instruire. Bref, je vis par et pour cette passion.

Parfois je fais la connaissance d'auteurs nouveaux, je leur fais confiance aveuglément en essayant de tirer le minimum dans ce qui n'intéresse pas les autres. En lisant, je suis consciente de créer des liens étroits entre ce qu'on appelle le signe et le senti. Et par cette magie nouvelle, à chaque fois, je suis courageuse, je suis plus que prête à défier le néant et braver avec assurance l'instant présent. À chaque fois le résultat est époustouflant parce que l'aventure est toujours fructueuse, il y a toujours eu satisfaction bien qu'elle ne soit jamais saturée.

Je lis longtemps, je lis souvent avec ou sans électricité. Je lis dans le calme ou dans le bruit. Je lis en vers et à travers. Je lis pour et contre, seule ou accompagnée ; je lis avec ou sans, je lis pour résister, comme l'a dit Daniel Pennac : « chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même ». Je lis vaguement et drôlement. Je lis comme bon me semble. Je pourrais peut-être un jour regretter toute chose, sauf d'avoir lu.

Je termine avec les mots de Paul Fournel : « Lorsque j'aurai terminé la lecture du dernier mot de la dernière phrase du dernier livre, je tournerai la dernière page et je déciderai seul si la vie devant moi vaut encore la peine d'être lue ».

 

Martine Désamour

@moijelis

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